J9 : Deutsch qualität

Par Jonathan Lalieu - 21:51

A ceux qui pensent qu'on a MILLE jours de retard sur notre blog : c'est vrai. J'ai commencé à rédiger ce billet dans le train entre Bruxelles et Nantes, on avait déjà 4 villes de retard. Et je l'ai publié mais il y a eu un problème avec la connexion du train, alors je ne le reprends que maintenant.
La vérité c'est qu'à partir de Prague on a vraiment commencé à sentir la fatigue, donc on a essayé de profiter toujours autant de notre côté, quitte à partager un peu moins. Et maintenant on a repris notre vie. Mais il y a du gros qui arrive :) On ne vous a pas oublié !


Honnêtement, il n'y a qu'une seule photo pour cette journée. Et elle sera tout à la fin. Pourquoi ? Parce qu'on n'a rien vu. On se lève un peu tard parce que la veille, on est rentré tard. On plie bagage, et on se dirige vers la gare. Je suis crevé, j'ai pas eu de petit-déjeuner, on s'installe dans la gare avec nos valises, assis par terre comme les baroudeurs que nous sommes. On aura passé tellement de temps assis par terre dans les gares finalement. Le prochain train pour Berlin part dans 40 minutes, alors on attend. On nous a conseillé de faire un réservation sur ce train, parce qu'il y a peu de places libres, mais on n'écoute pas les conseils, parce que nous sommes de jeunes arrogants et surtout parce qu'on n'a pas les moyens de faire une réservation payante pour un train qu'on pourrait prendre gratuitement.
Ca tombe bien parce qu'on trouve des places vraiment facilement en plus. Une sacrée coïncidence fait que Glen, avec qui nous avons fait le trajet entre Vienne et Prague, est aussi dans le train qui va nous emmener de Prague à Berlin. Je me sens un peu coupable, mais je fais semblant de ne pas l'avoir vu, parce que même si j'ai adoré passer du temps avec lui l'autre fois, là je suis juste crevé, on a 5h de train, j'ai envie de dormir 5h et pas de parler en anglais et me concentrer sur une conversation.
En plus j'ai faim. Je suis désagréable quand j'ai faim. Mais quand je me décide enfin à prendre un truc à manger dans le train, c'est 15 minutes après avoir traversé la frontière. C'est-à-dire que c'est la fin de l' "happy hour", les prix ont doublé ou triplé. C'est marrant comme principe, parce que c'est pas explicitement dit que c'est à cause du franchissement de la frontière, il y a des horaires affichés pour chaque train. L'happy hour finit donc pour ce train tous les jours à 13h47 précisément. Le "hasard" fait que ça coïncide avec le franchissement de la frontière, sûrement. Enfin bref. Du coup je ne mange pas, je retourne végéter dans mon siège. Cette fois-ci, Glen me voit, il me court après et hurle pour que je me retourne. "HEY GUYS !!!" Vous n'avez pas rencontré Glen, mais il a une voix qui porte, une voix d'homme, une voix qui gronde. Alors qu'avant que je ne me retourne et  vois son visage, oui, j'ai eu peur. Mais il a un grand sourire et vient nous serrer la main et discuter juste cinq minutes en toute sympathie. Lui ne va pas à Berlin, il descend à Dresde, la première grosse ville après la frontière. Il a un ami là-bas. Je retourne me coucher. Du coup j'ai pas pris de photos ce jour-ci, si ce n'est une photo de mes cheveux dans les toilettes du train, pour constater l'évolution de ma couleur. On constate surtout que je suis au bout de ma vie. Ça ne vaut pas la peine d'être partagé.

Quand on arrive à Berlin, il est déjà plus de 17h, et on n'a toujours rien mangé de la journée, si ce n'est un ou deux cookies qui traînaient. Notre première priorité est de réserver notre trajet pour Copenhague trois jours plus tard dans un train de nuit, chose faite en moins de cinq minutes avec le personnel le plus efficace qu'on n'ait jamais vu : il nous conseille même de prendre un bus à la place ; plus de confort, un peu moins long, même prix, j'espère y dormir cette fois-ci. Notre second objectif est de nous sustenter. Ma mère va encore me dire que c'est n'importe quoi (mais maman :( ) mais quoiqu'on en dise, quand on arrive dans une gare et qu'on a faim, le McDonald's c'est une valeur sûre. Et puis on ne croirait pas, mais on peut constater des différences culturelles grâce à ces enseignes internationales qu'on connaît bien. Je m'étais déjà fait la réflexion en essayant un KFC à Dublin l'été dernier, mais c'est tout aussi vrai là. Vous auriez imaginé, en France, un burger aux travers de porc ? Moi non, mais j'ai pas été déçu, voilà.
Par contre les toilettes payantes là, faut arrêter maintenant. Vous savez, il y a 20 ans il y avait des dames pipi partout ? Bah il n'y a que chez nous que ça a disparu. La tradition a été conservée chez nos voisins européens. C'est un peu agaçant de payer un "repas" et de devoir quand même payer les toilettes. Comme c'est agaçant de devoir payer pour de l'eau minérale parce qu'ils refusent de nous servir de l'eau du robinet. J'en parle maintenant, mais ça a été le cas pour chacun des sept pays traversés. On a toujours payé notre eau, sauf de rares exceptions.

Et le bar de notre auberge à Berlin a été l'une de ses exceptions. Admirez au passage le soin que je porte à mes transitions, c'est pour vous lecteurs, ça me fait plaisir. Après quarante bonne minutes de transports en commun, avec l'amer constat que ces mêmes transports sont à la fois inévitables dans une ville trois à quatre fois plus étendue que Paris et en même temps les plus chers que nous aurons à payer, on arrive dans notre auberge. Elles auront toutes eu leur particularité, mais celle-ci encore plus. Les chambres donnent presque toutes directement sur la rue, tout comme la cuisine. Et la réception est au comptoir du bar du coin. Et ici, l'eau est à disposition de tous. On va reparler de ce bar pour les jours suivants, parce qu'on y a passé un peu temps et qu'on a bien rigolé avec les personnes qu'on y a rencontré.

Petit cafouillage en arrivant, il n'y pas de lits disponibles dans la chambre qui nous a été attribuée. Je ne sais pas trop comment c'est possible mais pas de souci, on est rodé à ce genre d'aventures, y a pas de souci on attend. On nous place dans une petite chambre et malgré la fatigue on se lance de suite dans un débat stimulant sur l'éducation, le féminisme, le harcèlement de rue... On ferait mieux d'aller manger quelque chose parce qu'il est tard, mais c'est important d'échanger sur ces sujets-là.
En plein milieu de la discussion entre un de nos colocataires pour la nuit, il nous gratifie d'un "guten tag" bien allemand, mais on enchaîne en anglais, et rapidement en français. C'est Eric, français expatrié.
Eric, homme merveilleux avant tout, mais aussi chef de cuisine à ses heures perdues

On ne va pas se mentir, Eric c'est la personne la plus généreuse que l'on ait rencontré dans ce voyage, peut-être dans nos vies. Je ne peux pas le présenter uniquement en parlant de ce que je ressens quand je pense à lui, je n'arriverai à convaincre personne et ça serait surtout vraiment très étrange, d'autant plus pour vous qui ne le connaissez pas du tout. Donc Eric a quitté la France il y a 30 ans maintenant pour s'installer en Allemagne, Il est chef et a emporté avec lui la cuisine française jusqu'à Munich. S'il est à Berlin maintenant, c'est qu'il s'est lassé de Munich et a voulu tenter sa chance ici. C'est une force tranquille, très calme, qui écoute beaucoup et qui valorise énormément le respect mutuel. Assez vite, on reprend notre échange initial mais en l'incluant, et on découvre toutes ses qualités humaines. Il est surpris par certains de nos récits dans lesquels il découvre des témoignages de l'ignorance de certains, de violence presque gratuite. On a l'impression que ce genre de choses seraient impensables pour lui, comme si le respect était quelque chose d'acquis par tous dès le plus jeune âge.

On meurt toujours de faim, et il est plus de 22h. La règle ici, c'est que la cuisine ferme à 23h, alors on pense être finalement obligé de couper court à la conversation pour sortir un paquet de pâtes de ma valise (Prévoyant !) et aller faire bouillir de l'eau, tant bien que mal avec l'équipement sur place. Eric nous suit cependant pour poursuivre l'échange. On découvre alors son âge et je suis surpris de découvrir qu'il est né la même année que ma mère. Dans sa grande humilité, il ne nous fait sentir à aucun moment l'écart entre nos générations. Mais il ne se gêne pas pour nous dire que les pâtes sont dégueulasses...c'était vrai. On n'a jamais réussi à faire bouillir l'eau.

On parle un peu du "temps d'avant", Paris il y a trente ans, la politique française actuelle. On n'a pas trop de références pour comparer notre expérience récente aux siennes plus anciennes, mais il est intéressé de savoir ce que des résidents français pensent de l'état actuel du pays. Pour ma part, je suis curieux de redécouvrir des avis que j'avais déjà senti chez d'autres expatriés lorsque j'avais vécu les élections présidentielles en Irlande l'année dernière.

Bon par contre il ronfle aussi fort qu'Amélie.

  • Partager :

Vous pourriez aussi lire

0 commentaires